Tout a démarré ce vendredi matin du 19 avril 2019, je viens d’avoir 60 ans. Il fait beau, je suis en voiture sur une route dans l’Oise, la radio est en marche. J’aime bien écouter Augustin Trapenard et son émission Boomerang. J’aime sa façon d’être à l’écoute, de poser avec délicatesse la bonne question à son invité et de lui laisser toute la place.
Ce matin c’est une actrice que l’animateur interroge et il a baptisé son émission : « Fou de Céline Sallette ». Comme de tradition pour la séquence carte blanche, elle a préparé un texte qu’elle va lire à l’antenne. Elle a choisi de lire un extrait de La révolution du partage d’Alexandre Mars. Un texte lumineux, qui rend hommage à la génération Y, ceux qui pratiquent « l’attention [aux autres] comme art de vivre », ceux grâce à qui « le sens est la nouvelle devise ».
Céline Sallette a découvert Alexandre Mars en lisant le magazine We Demain, où sont réunies des initiatives géniales qui vont faire notre futur. Alexandre Mars a créé une fondation, Epic, dont la vocation est d’auditer les associations pour que le don devienne la norme demain. Céline Sallette explique :
« À la fin, il n’y a qu’une chose qui tiendra la société ensemble, c’est le don – don qu’on fait spontanément, dans le désir. »
Dans les jours qui suivent, je me procure puis dévore le livre d’Alexandre Mars. C’est une révélation. Oui, le don doit devenir la norme !
Puis le temps passe, la crise sanitaire nous frappe tous, elle nous ramène aux choses essentielles, elle nous permet d’accélérer les prises de conscience et de dessiner les changements indispensables. Donner du sens à ses actes, donner du sens à sa vie.
C’est le moment aussi où ma vie professionnelle et ma vie personnelle changent. Les salariés d’Eco CO2 rachètent, de façon solidaire, la société Eco CO2 que j’avais créée 12 ans auparavant. La boucle est bouclée ? Je prends ma retraite… méritée d’après certains. Mais la retraite c’est surtout du temps libre. Du temps libre pour la lecture, la réflexion, la quête du sens donner à cette nouvelle part de vie…
Je pourrais m’engager dans une ONG, une association locale, mais je dois pouvoir faire mieux, plus ambitieux. Professionnellement, j’ai toujours œuvré pour l’innovation, je suis ce que l’on appelle un manageur-émergeur, plutôt doué pour faire naître un nouveau concept et le développer en fédérant un grand nombre d’acteurs. Alors, petit à petit un rêve, mon rêve, prend forme. Je commence à en parler autour de moi, – l’idée plaît -, et m’encourage à continuer.
Ce rêve combine à la fois : la révolution du partage d’Alexandre Mars où le don devient la norme, mon domaine de compétence qui est l’énergie et les économies d’énergie et l’urgence à lutter contre la pauvreté.
C’est le « kWh suspendu » : le don d’énergie ou d’économies d’énergie.
Un élan de solidarité sans équivalent, « huge » comme dirait les américains, qui touchera les particuliers comme les entreprises. Utopie ? Peut-être ! Mais qui vaut la peine d’être tentée. J’aime bien le proverbe chinois : « Si tu veux tracer un sillon droit accroche une belle étoile à ta charrue. » ou encore la citation de René Char : « L’impossible, nous ne l’atteignons pas, mais il nous sert de lanterne. »
Le kWh suspendu, c’est la création d’une nouvelle fondation portant la lutte contre la précarité énergétique et l’accès à la transition énergétique pour tous. Elle portera cette cause et l’élèvera à une grande cause nationale, elle donnera envie d’y participer parce que la construction, la communication sera positive. Elle reposera sur les travailleurs sociaux, acteurs, actrices et sur des initiatives locales existantes en leur donnant un second souffle, en les mettant en lumière dans un effet d’entraînement immense.
Cet effet d’entraînement était déjà décrit par Céline Sallette, dans sa démarche personnelle.
Aujourd’hui, on a plus le temps de faire la guerre. On a plus le temps de se battre contre, il faut se battre pour. (…) Plus on détruit, plus on doit s’occuper de reconstruire… On perd du temps !
Nous sommes début septembre 2022, c’est la rentrée. La crise énergétique se profile pour cet hiver, à la fois accélérée par la guerre en Ukraine et les tensions sur le gaz russe mais aussi par un manque d’anticipation ou d’engagement dans la transition énergétique indispensable à notre survie. Et cette crise va toucher de plein fouet les plus démunis, ceux qui ont déjà du mal à payer leur facture énergétique et n’ont pas accès à la transition énergétique ou même écologique. Esther Duflo, l’économiste franco-américaine, prix Nobel en 2019, appelle cela les puits de pauvreté. Comme la richesse entraîne la richesse, la pauvreté entraîne la pauvreté. Les précaires énergétiques seront encore plus précaires et plus nombreux. Le gouvernement met en place de nombreuses actions afin de contenir l’inflation et la flambée des prix de l’énergie (boucliers tarifaires sur le gaz et l’électricité, chèque énergie, remise de carburant…), mais l’état providence c’est fini : il faut de nouveaux moyens pour lutter contre la pauvreté et permettre de rendre la transition énergétique accessible à tous : travaux de rénovation des logements, idéalement globale, nouveaux équipements de chauffage, accès à la mobilité électrique pour tous. Comme c’est toute la société qui doit se transformer, elle doit se transformer solidairement, dans un effet d’entrainement global, le don étant au cœur de cet élan.
Pourquoi appeler cette initiative le « kWh suspendu » ?
Si le concept peut paraître simple, le travail à mener pour le rendre opérationnel et à la hauteur de l’ambition affichée est très important.
Ce rêve que je partage aujourd’hui, je souhaite qu’il m’échappe, qu’il soit repris par des voix bien plus fortes et plus connues que la mienne et surtout qu’un élan de femmes, d’hommes et de personnes morales s’unissent pour mettre en œuvre cette idée et la porter aussi haut et loin que possible. Pour que le don d’énergie et d’économies d’énergie devienne la norme !
Jacques ALLARD, septembre 2022
Réagissez, rejoignez notre initiative sur kwh-suspendu.org !